Une Nuit au Cimetière - 4

Publié le par Arkeane

"J’essayais de me relever [...] en m’accrochant au bloc de pierre."

J’essayais de me relever tant bien que mal en m’accrochant au bloc de pierre. Cependant, je me rendis compte avec ahurissement, que ce dernier était en fait un autel sacrificiel. Du sang séché avait dégouliné le long de la pierre dans des rigoles taillées… Je n’eus néanmoins pas le loisir de l’admirer plus longtemps, car la chose terrifiante s’avançait vers moi à grands pas. Avant que je puisse esquiver le moindre geste de fuite, elle me saisit par l’épaule et je sentis ses griffes pénétrer ma chair, un hurlement de douleur s’échappa de ma gorge et du sang se mit à couler. La démone me lança ensuite sur l’autel et plaqua sa main griffu sur ma gorge. Je n’osais plus bouger, la terreur m’avait envahi, bloquant le moindre de mes mouvements.

Je vais mourir… pensai-je.

C’était la seule pensée que j’avais à l’esprit, j’allais mourir…

- Tu vas me servir de sacrifice en l’honneur de mon Maitre ! N’est-ce pas là une grande fierté pour toi ? demanda la chose immonde d’une voix caverneuse.

Je vais mourir.

Je me répétais ces mots inlassablement, comme une sorte de litanie, c’était la seule pensée cohérente qui habitait mon cerveau terrorisé.

- JE NE VEUX PAS MOURIR !! hurlai-je soudainement.

- C’est trop tard ! Tu vas mourir ! Tu es même déjà mort ! Tu n’as aucune chance face à moi !

- NON ! JE NE VEUX PAS MOURIR !

- La volonté ne suffit plus dans des situations comme celle-ci…

Ses griffes se resserrèrent autour de mon cou, et commencèrent à entailler ma chair, quelques gouttes de sang s’échappèrent et vinrent s’écraser sur l’autel. Ma vue se brouilla et je sombrais peu à peu dans l’inconscience. Quand tout à coup, un cri strident me fit revenir à moi. Ce cri, digne d’un supplicié aux enfers, provenait de la bête qui se tordait de douleur sous l’assaut des flammes léchant son corps. Je ne savais pas comment ce feu était apparu mais ce n’était pas ce qui m’importait à l’instant présent. C’était peut-être ma seule chance de sortir d’ici vivant, alors j’en profitai et me jetai alors au sol, ignorant la douleur lancinante de mon épaule, puis je me mis à courir en évitant la démone qui brulait toujours. La chaleur devenait insoutenable et de la fumée emplissait le sombre caveau. Lorsque je fus enfin dehors, je goutai l’air frai de la nuit et couru plus vite encore. Je voulais à tout prix m’éloigner de cet enfer…

- Arrêtez-vous ! Jeune homme, arrêtez-vous !

Je sursautai et sans me retourner j’accélérai encore ma course, courant droit devant moi sans savoir ou j’allais. Je courrais pour m’enfuir le plus loin possible avec comme seule pensée en tête : « courir ou mourir. »

La voix se fit de nouveau entendre derrière moi. Le vent foutait mon visage. La douleur de mon épaule m’était de plus en plus insoutenable. Tout tournait autour de moi. Je trébuchai, je tombai, je sombrai… Tout devenait de plus en plus noir, mais juste avant de couler dans l’inconscience, j’aperçu un homme, hors d’haleine, penché sur moi. Il disait quelque chose, mais je ne l’entendais déjà plus…

Les ténèbres et le silence venaient de m’engloutir…

*****

Lorsque j’ouvris les yeux, je me trouvai allongé dans un lit aux draps blancs, la pièce était elle aussi de couleur blanche et un objet à côté de moi sonnait régulièrement.

Je suis à l’hôpital ? songeai-je, intrigué.

Effectivement, j’y étais. Car la voix qui m’avait ordonnée de m’arrêter dans le cimetière, était celle du gardien. C’est lui qui a appelé les secours quand il m’a vu tomber et m’évanouir.

Les policiers m’interrogèrent ensuite, ils voulaient savoir ce que je faisais dans le cimetière à cette heure de la nuit. Ils se demandaient si je vendais de la drogue ou si je profanais des tombes. Je leur répondis que je ne faisais rien de ceci, que j’étais juste allé me promener avec une fille, après avoir perdu un gage entre amis. Là c’était la vérité… Cependant, je dus malheureusement leur mentir lorsque qu’ils me questionnèrent sur mes blessures. Je leur expliquais que notre excursion s’était mal finie, que nous avions pris peur à cause du gardien et que je m’étais ouvert en trébuchant. Cette explication bancale paru leur suffire et je n’eus le droit qu’à une remontrance et une mise en garde si je recommençais.

Ils ne cherchèrent pas à identifier la fille en question, ils ne s’aperçurent pas qu’un caveau avait pris feu et ils ne retrouvèrent pas le monstre qui avait bien failli me tuer… D’une certaine façon, cela m’arrangeait car ils ne m’auraient pas cru si je leur avais raconté toute la vérité.

Le gardien du cimetière m’a secouru et m’a emmené loin de cette chose hideuse et mortelle, je l’en remercie pour cela. Malgré tout, une question persiste dans mon esprit : qui a allumé le feu qui m’a permis de m’enfuir ?

Lorsque, quelques jours plus tard je suis retourné dans le cimetière, en pleine journée, j’ai retrouvé le caveau où j’ai failli mourir. Il n’y avait aucune trace visible de ce qui s’était réellement passé. Aucun cadavre de monstre calciné, aucune trace de suie sur les murs, même mon sang sur la pierre avait disparu…

C’est ainsi que se termine mon histoire. Peu m’importe que vous soyez convaincu, ou non, de sa véracité, je tenais juste à la raconter. Je sais que ça parait incroyable à croire, mais j’étais là. Ce que j’ai vu, ressentis et entendu, n’était pas le fruit de mon imagination…

FIN

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