Sacrifices - 10

- Non, va-t’en ! Ne m’approche pas ! Traître ! Démon ! hurlais-je en me débattant encore plus violemment que lorsque j’essayais de me libérer.

- Calme-toi Yumi, tu vas te faire mal…

- Quoi ?! Je vais me faire mal ? Tu te moques de moi ! C’est à cause de toi si je suis là ! C’est à cause de toi si je vais me faire tuer ! Je te hais ! crachais-je haineusement.

- Je suis désolé, je n’ai pas eu le choix… Laisse-moi réparer mes torts, s’il-te-plaît… Je t’aime Yumi, et je t’aimerais toujours…

Des larmes s’écoulaient le long de ses joues, il était vraiment pitoyable à pleurer ainsi après ce qu’il n’avait pas hésité à me faire. Je le haïssais du plus profond de mon cœur.

- Yumi, arrête de te débattre, je vais te sortir de là. S’il-te-plaît, laisse-toi faire, supplia-t-il lamentablement.

Je vis alors passer devant mes yeux une grosse clé, qui permettait sans aucun doute d’ouvrir les menottes, cela me calma instantanément.

- Voilà, c’est bien… Ne bouge pas Yumi…

Tout en se dirigeant vers mes chevilles, il essayait de m’apaiser avec sa voix, comme il avait l’habitude de le faire avant… Lorsque nous vivions encore une vie paisible et normale… Je n’avais cependant pas l’intention de bouger tout de suite. Il s’agissait peut être d’un nouveau piège de ce démon infâme, mais cela aurait été idiot de ma part de gâcher ainsi une infime chance d’être libérée. J’attendis et j’entendis alors un clic, suivit d’un deuxième, et mes chevilles furent libres.

Samaël se retrouva de nouveau dans mon champ de vision. Il venait donc vraiment me libérer ?

- Pourquoi ? parvins-je à articuler faiblement.

- Je t’aime.

Il ne m’a pas donné plus d’explications en débarrassant mon poignet de la dernière menotte qui m’emprisonnait.

C’est alors que je bondi, utilisant mes dernières forces pour lui assener un violent coup de poing dans la mâchoire. Je sentis mes os se briser sous l’impact mais je m’en moquais, je devais me mettre à courir le plus vite et le plus loin possible pendant que les démons autour de moi étaient toujours prit dans leur bagarre et ne me regardaient pas. Samaël m’avait peut-être libérée par amour comme il le prétendait, mais pour moi il était un obstacle qui restait dans le camp de ceux qui voulait me tuer, alors je n’hésitais pas une seule seconde. Je ne savais pas si c’était dû au coup, ou juste au choc de ma réaction violente, mais Samaël ne bougea pas immédiatement pour me rattraper. Je pu donc m’enfuir à toutes jambes vers les escaliers. Cependant un imposant démon se dressa entre moi et la liberté, m’attrapant au vol.

- Par ici petite, je te tiens ! lança-t-il en me broyant les bras le long du corps.

- Lâchez-moi !! hurlais-je de toute mes forces en me débattant de nouveau avec l’énergie du désespoir.

Un de mes coups de pied atteignit le démon au tibia qui, de surprise, me projeta contre le mur. Ma tête cogna la surface dure et je m’affalai comme une loque contre elle. J’étais épuisée, mon corps ne me répondait plus, tout mon visage était tuméfié, des élancements douloureux parcouraient mon crâne, et je voyais de plus en plus trouble. Je n’avais plus la force de me battre alors que la liberté était à quelques pas à peine.

Le démon, rapidement remis de mon ultime attaque, s’approcha de moi avec un sourire sadique. Mais il fit brusquement volte-face car quelque chose avait retenu son attention derrière lui. J’aperçu alors du coin de l’œil Samaël et Logan.

Ils veulent participer à ma mise à mort eux aussi ? Ce traître de Samaël ne m’a pas suffisamment tabassée ?

Ils échangèrent des paroles tous les trois, mais j’avais beau être à seulement un mètre je ne les compris pas, mes oreilles bourdonnaient trop. J’étais si fatiguée… Seuls quelques flashs d’images me parvinrent : le dos du démon qui se contracte, un signe de tête de la part de Logan à Samaël, un sourire triste sur le visage de Samaël. Un voile noir passa devant mes yeux.

Quand je repris connaissance, j’étais dans les bras de Samaël, il se dirigeait vers les escaliers, prêt à descendre. Je le sentis tressaillir cependant lorsqu’il jeta un dernier regard en arrière. J’eus une vision de Logan au sol, le nez en sang, puis je retombais dans l’inconscience.

Je ne me souviens que de peu de chose de mes rares et courtes phases d’éveil. Des bras puissants, une couverture, le ronronnement apaisant d’un moteur, un lit chaud et douillet, mes blessures nettoyées et soignées.

J’étais en vie.