Sacrifices - 6
- Samaël ! Au secours Samaël ! Logan !
Je braillais à en perdre la voix mais personne ne réagit, tous les convives étaient là, plus ou moins nus, à me regarder d’un air impatient me faire entrainer vers l’arche qui séparait la salle en deux. De l’autre côté se trouvait une immense table en chêne. Depuis quand était-elle la ? Je ne l’avait pas vu en entrant.
Marjorie, en parfaite maîtresse de maison, conduisait notre procession, elle s’arrêta et en se retournant d’un mouvement vif me donna une claque monumentale.
- Oh, silence gamine ! explosa-t-elle.
Sonnée et sous le choc, je m’interrompis.
- Bien, voilà qui est mieux. Mes chères sœurs, mes chers frères, rejoignez-nous je vous prie. Notre cérémonie annuelle en l’honneur de notre Seigneur va pouvoir commencer.
Cérémonie annuelle ? Seigneur ? Décidément je ne comprenais plus rien… D’une fête pour un diplôme, cette soirée c’était transformée en orgie, puis en cérémonie.
Samaël, je t’en prie, réapparais et explique moi ce qui se passe, implorais-je silencieusement. Ils me font une blague hein ? Une blague de très mauvais goût mais c’est tout ? Simplement une blague…
Je sentis mes pieds décoller du sol, l’homme qui me retenait était en train de me porter pour me poser sur la table. D’un bras sur ma gorge il m’obligea à m’allonger, j’avais beau battre des jambes rien n’y fit, il ne se prit aucun coups et me maîtrisa sans problème.
J’étais terrifiée mais je ne pouvais plus hurler car la pression sur ma trachée m’empêchait de respirer. J’étais en train de suffoquer lorsque je sentis des anneaux passés à mes poignets et à mes chevilles.
Ils ne sont tout de même pas en train de m’attacher à cette table ? Qu’est-ce qu’ils me veulent au juste ? Qu’ai-je fait pour me retrouver à une soirée envahie par autant de fous et de psychopathes !
- Samaël ! glapis-je de nouveau quand l’homme relâcha quelque peu son étreinte.
- Ça devrait t’aider à te taire, poupée, lança-il en me bâillonnant, tandis qu’une lueur meurtrière dansait dans ses yeux rouges sang.
- Cette nuit, nous honorons notre Seigneur ! clama Marjorie, nous lui offrons une vie en échange de notre liberté terrestre. Remerciez notre Seigneur Asmodée pour ce bien précieux !
A ces mots, tous tombèrent à genoux et entonnèrent un chant lugubre et malsain à la gloire d’un homme inconnu, d’un soit disant seigneur… A qui, à priori, ils voulaient m’offrir en sacrifice…
Si j’avais encore des doutes sur le fait que cette bande de malades mentaux voulaient me tuer, ils furent instantanément balayés lorsque Marjorie se tourna vers moi, un couteau à lame blanche dans la main et ses lèvres déformées par un rictus carnassier.
Elle fit le tour de la table, afin de se placer de telle sorte que la foule nous voyait toutes les deux, puis elle leva son poignard et l’approcha de mon ventre.
Je gesticulais dans tous les sens, complètement paniquée, mais je ne réussis qu’à m’entailler les poignets et les chevilles sur les menottes en fer. Ça brûlait mais je m’en moquais, je voulais juste m’échapper de cet asile de fou abritant une secte sataniste !
- Du calme, poupée, il ne faudrait pas que tu t’abîmes trop vite avant de servir notre Seigneur, me susurra-t-elle d’une voix espiègle en me caressant d’un doigt le visage.
Dans ses yeux brillait la même flamme de folie que l’homme qui m’avait attachée. Elle avait également la même couleur écarlate, alors que j’aurais jurée qu’en début de soirée ses iris étaient marrons. Cette préoccupation futile m’abandonna immédiatement lorsque sa main descendit en effleurant délicatement ma gorge, puis un sein, pour ensuite remonter et attraper l’encolure de mon tee-shirt. Elle le trancha soudainement sur toute la longueur d’un geste vif et précis, ne laissant sur ma peau qu’une traînée brûlante là où le couteau m’avait éraflée.
J’écarquillais les yeux sous le coup de la surprise et de la terreur, mais je n’osai pas me débattre de nouveau alors qu’elle tenait cette lame si proche de moi. Elle entreprit ensuite de sectionner mon soutien-gorge, dévoilant ma poitrine à l’assemblée. Je me mis à sangloter de honte et de peur.
C’est au moment où je tournai la tête sur le côté pour échapper au sourire sauvage de Marjorie que je vis Samaël et Logan, sans leur chemise, se tenant en retrait au fond de la salle. Ils n’osaient pas me regarder, ils avaient l’air tellement pitoyable ainsi à contempler le sol alors que je me faisais violenter par leurs « amis ». Je voulais leur hurler de se réveiller, de prendre conscience de la situation, de venir m’aider, mais le bâillon m’en empêchait toujours, alors mes sanglots redoublèrent.