1984 - George Orwell

Publié le par Arkeane

1984 - George Orwell
Le télécran vous surveille

 

 

 

Titre : 1984

Auteur : George Orwell

Édition : Gallimard

Collection : Folio

Parution : Décembre 2017

Genre : Anticipation – Dystopie

Nombre de page : 408

 

 

 

 

 

Quatrième de couverture :

De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée.

 

Mon avis :

Je dois avant toute chose vous avertir : cet avis comportera des spoils et la fin sera même dévoilée car j'ai réalisé que je ne pouvais pas décrire convenablement mon ressenti sans vous parler en profondeur de ce livre.

 

Comme on pouvait s'y attendre il m'a énormément marqué et perturbé. C'est un excellent livre, je ne peux pas le nier mais je ne peux pas dire que je l'ai aimé car il reflète un aspect de notre société qui devient de plus en plus réel alors qu'il a été écrit en 1949 pour mettre en garde et dénoncer le totalitarisme et la surveillance à outrance.

 

Avant toutes choses voici un peu de contexte : le monde est divisé en trois grands blocs regroupant plusieurs pays qui se font perpétuellement la guerre. Nous suivons Winston Smith qui habite un Londres décrépit et en ruine. Il est membre du Parti et travaille au ministère de la Vérité. Nous apprenons cependant très vite que le Parti est le seul et unique parti politique représenté dont un culte est voué au chef suprême Big Brother (pour information, c'est la première apparition de ce terme qui a ensuite été repris à de nombreuses occasions). Le ministère de la Vérité, quant à lui, est en fait un endroit où sont falsifiés les documents historiques, journaux et autres afin de coller à ce que souhaite propager le Parti. La vérité ici est donc subjective et le choix politique impossible. Mais cela ne s’arrête pas là car tous les membres du Parti sont constamment surveillés par des télécrans. Ce sont des télévisions encastrées dans les murs de tous les appartements avec un système d'émetteur et de récepteur afin d’à la fois diffuser en permanence de la propagande impossible à faire taire mais également d'observer et d’écouter les moindres paroles et gestes des individus. Ce système de surveillance, ainsi que les hélicoptères qui viennent fureter aux fenêtres des gens servent à la Police de la Pensée à vérifier la bonne orthodoxie des membres du Parti, c'est à dire leur dévotion absolue et incontestable au Parti. La légende sous chaque affiche de Big Brother est extrêmement claire sur cette surveillance : Big Brother vous regarde.

 

Or, Winston est un criminel par la Pensée. C'est ici le crime fondamental. C'est le crime de ceux qui ne se sont pas laissé abrutir par la propagande du Parti. C'est le crime de ceux qui réfléchissent par eux même et qui remettent en question le Parti avec ses façons de faire et de fonctionner. C'est un crime impossible à cacher éternellement dans une société sous surveillance constante.

 

Trop habituée à la dystopie Young Adult où les « gentils » gagnent quasiment toujours sur l’oppresseur je me suis demandé comment Winston allait s'en sortir, comment à lui tout seul il allait pouvoir renverser cette dictature. Eh bien, il ne peut pas et c'est ça qui est terrible dans ce roman. Le système est si parfaitement installé qu'il ne peut plus être détruit.

 

C'est un système pyramidal avec tout en haut la figure symbolique de Big Brother. En dessous on retrouve les membres du Parti Intérieur qui sont très peu nombreux, ce sont eux qui en réalité dirigent le Parti. Puis viennent les membres du Parti Extérieur auquel appartient Winston Smith, il s'agit de la classe moyenne. Et enfin, les plus nombreux et les plus miséreux, les prolétaires. Une sous-classe écrasée par le travail dont l'esprit tout entier est occupé par la bière, le football et le jeu. Ils ne sont pas éduqués. Ils ne sont pas endoctrinés par l’idéologie du Parti et n'ont aucune conscience politique. Ils ne subissent pas la morale et les règles écrasantes qui sont imposées aux membres du Parti. Ils sont livrés à eux même tant qu'ils travaillent.

 

Après toute cette exposition, est-ce que vous commencez à voir le parallèle dangereux qu'il existe avec notre monde actuel ? La surveillance qui commence peu à peu à devenir ordinaire, induite par Facebook, par Google, par la géolocalisation de nos appareils connectés... La liberté d'expression qui est de plus en plus restreinte, des censures qui sont faites, des droits fondamentaux qui sont bafoués, des informations qui sont manipulées par certains médias pour coller non pas à la vérité mais à ce que la caste dirigeante veut que l'on croit. Les différents partis politiques qui se ressemblent tous de plus en plus avec comme seule préoccupation leur intérêts personnels et non ceux du peuple et les trois classes sociales qui sont très nettement visible : la caste dirigeante au dessus de tout qui monte la classe moyenne contre les prolétaires avec des pauvres de plus en plus pauvres qui cherchent juste à oublier leur vie de misère. Sans omettre bien sûr la possibilité d'une troisième guerre mondiale qui plongerait le monde dans la même configuration que dans 1984.

 

Et encore, je n'ai pas parlé de l'appauvrissement intentionnel de la langue dans ce roman avec l'instauration d'une nouvelle langue appelé le Novlangue. Il s'agit de simplifier à outrance le langage et de réduire le vocabulaire au minimum en contractant ensemble plusieurs mots afin de n'en former plus qu'un. Cela permet de faire accepter plus facilement le principe de la double-pensée utilisé par le Parti qui consiste à faire admettre simultanément deux points de vue opposés pour que tout sens critique soit inhibé. Affaiblir ainsi la langue permet également d’empêcher des pensées contestataires de se former dans l'esprit des gens car notre mode de réflexion est basé sur les mots, comment alors penser à un concept si celui-ci ne peut pas être définis ? Voila pourquoi j'ai peur dès que l'on parle de reformer l'orthographe ou de simplifier la langue française.

 

Pour moi 1984 est une mise en garde terrifiante et extrêmement bien écrite de ce vers quoi nous nous dirigeons peu à peu, mais il n'est peut-être pas encore trop tard pour changer les choses.

 

Pour conclure, lisez ce roman, prenez conscience du monde dans lequel on vit et où cela risque de nous mener et agissons ensemble avant que cela ne soit plus possible.

Publié dans Avis Livresque, Mes avis

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