Interlude - 4

Publié le par Arkeane

"Les escaliers étaient vermoulus et leurs grincements sinistres l’inquiétaient."

Lorsqu’il releva la tête à la fin de la quatrième histoire, il s’aperçu que la bougie avait fondue de moitié. Il avait dû rester une bonne heure ainsi plongé dans sa lecture, estima-il. Il poussa alors un profond soupir, il aurait préféré continuer à dévorer tranquillement son livre sans se soucier de la lumière mais le reste de chandelle qui gouttait dans le bougeoir ne lui suffirait pas à tenir jusqu’à l’aube.

Il serait forcément interrompu, pensa-t-il pragmatiquement, alors autant que ce soit maintenant, tant qu’il pouvait encore chercher s’il y avait d’autre source d’éclairage dans la maison, plutôt que de se retrouver dans le noir plus tard en plein milieu d’une histoire.

Il vérifia la page où il en était avant de refermer le livre en cuir et il le posa par terre dans le coin qu’il s’était approprié pour lire, puis il déplia ses jambes engourdies et se leva. Il parcouru la pièce des yeux, baignée dans la faible lueur de la chandelle, mais aucune autre bougie n’était apparu depuis qu’il y était entré. Il retourna donc dans la grande bibliothèque et décida d’aller explorer l’étage supérieur, car il était sûr de ne pas avoir vu de bougie lors de son premier tour au rez-de-chaussée.

Les escaliers étaient vermoulus et leurs grincements sinistres l’inquiétaient, il espéra pendant toute son ascension qu’ils ne cèderaient pas sous son poids. Une fois arrivé en haut il constata les mêmes détériorations dû au temps que celles qu’il avait observées au rez-de-chaussée.

Il se dirigea vers ce qui avait autrefois été une chambre. Le papier peint décrépit pendait par endroit et il ne restait dans cette pièce plus qu’un sommier avec un matelas rongé par l’humidité et une petite table de chevet. Il s’en approcha, ouvrit le tiroir mais ne trouva pas ce qu’il cherchait. Cependant, il entendit des grattements au-dessus de lui, lorsqu’il leva la tête il ne vit rien d’autre que le plafond. Les bruits recommencèrent, c’était comme des petites griffes qui martelaient un parquet.

Surement une famille de fouine qui avait élu domicile dans les combles de la maison, pensa-t-il, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter.

Il reprit sa fouille et arriva devant un salon tout aussi délabré. Il y avait là une cheminée fissurée, une table basse qui avait connu des jours meilleurs et des fauteuils en cuir lacérés dont la mousse s’échappait de tous les côtés. Lorsqu’il pénétra complètement dans la salle, il entendit de nouveau les grattements des fouines, mais ceux-ci lui semblaient être beaucoup plus forts et plus nombreux que dans la chambre. S’en suivit le cliquetis d’une course effrénée au plafond, entremêlé de couinements suraigus.

Il n’avait pas peur des bruits d’une vieille maison abandonnée mais il n’était pas rassuré pour autant d’entendre autant de raffut dans les combles. Il décida de faire demi-tour et d’aller inspecter une autre pièce plus loin. Toutefois, il n’eut pas le temps de se retourner vers la porte que soudain une masse poilu s’abattit violement sur lui, rejoint par plusieurs autres créatures semblables. Il gémit de peur sous ce brusque assaut et se protégea spontanément la tête sous un bras, tandis que de l’autre il tendit sa bougie et à la faible lueur qu’elle lui prodiguait, il put voir ce qui l’attaquait. Un amas grouillant de poils grisâtre, de crocs et de griffes se tenait à ses pieds et essayait de l’escalader tandis que d’autres dégringolaient toujours du plafond.

Des rats ! Ce n’était pas des fouines qui vivaient sous le toit mais des rats ! Et agressif en plus !

Il hurla de douleur lorsque l’un d’eux, tombant sur son bras tendu, lui planta ses dents pointues dans la chair. Instinctivement il le secoua violement pour faire lâcher la créature, qui tomba sur le sol en couinant. Cependant, la bougie suivit le même chemin dans une effusion de cire brulante, ce qui eut pour effet de disperser pendant quelques instants la masse compacte qui l’assaillait. Il ne s’inquiéta absolument pas de savoir si la flamme de la bougie brulait toujours et risquait alors de déclencher un incendie, ou si au contraire elle s’était éteinte pendant sa chute. Tout ce qui l’intéressait à ce moment précis était de prendre la fuite.

Il courut en direction de la porte en donnant des coups de pied au hasard et en se protégeant la tête de ses bras. Les rats le suivaient en piaillant et il n’échappa pas à d’autres morsures tout aussi douloureuses que la première. Il faillit même tomber dans les escaliers lorsque plusieurs d’entre eux se faufilèrent entre ses pieds, mais il se rattrapa de justesse et il parvint à rejoindre le rez-de-chaussée où il s’enferma précipitamment dans la bibliothèque.

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